
Découvrir le Kerala en Inde : 11 points culturels surprenants
Tu pars au Kerala en Inde ? Avant ton voyage, voici quelques infos à connaître sur le plus doux des états indiens…
L’Inde, on l’adore ou on la déteste.
Cette affirmation, assez radicale et souvent employée pour décrire l’Inde, résume bien l’intensité que le pays peut provoquer chez les voyageurs. Terre de contrastes, l’Inde peut autant émerveiller que désarçonner. Pourtant, il existe une alternative à ce grand écart émotionnel : le Kerala offre une immersion nuancée et en douceur dans cette culture déroutante. Tous les voyageurs s’accordent d’ailleurs à décrire la région comme la parfaite introduction à l’Inde. Une promesse qui a fini par piquer ma curiosité…
Considéré comme l’un des états les plus riches de l’Inde, le Kerala échappe en effet à la plupart des clichés qui font hésiter les voyageurs. Situé sur la côte sud-ouest du pays, cet État se distingue par un niveau de développement plus élevé, un taux d’alphabétisation pratiquement équivalent à celui de l’Europe, une harmonie religieuse impressionnante et une société globalement plus égalitaire. Si l’idée de la misère humaine et des enfants qui font la manche dans les rues te freine, tu peux partir l’esprit tranquille. En 2 semaines de voyage au Kerala, nous n’avons vu aucun mendiants. Je dirais même plus, on croise plus de sans-abri à Paris qu’au Kerala !
Mais ce n’est pas là le moindre de ses atouts. Surnommé « God’s Own Country », cette région tropicale offre non seulement une grande palette de paysages, mais aussi une gastronomie riche et nuancée, à s’en lécher (littéralement) les doigts. Mais attention, il faut aimer le curry !
De Fort Kochi et ses influences portugaises, hollandaises et juives aux backwaters paisibles, en passant par les collines verdoyantes de Munnar, ce voyage en Inde du Sud a bel et bien changé mon regard sur le pays.
Et pourtant, malgré ses atouts, la région reste encore relativement peu connue des voyageurs francophones. D’où un manque flagrant d’informations fiables pour préparer son voyage au Kerala. Dans ce blog, j’ai donc rassemblé 11 conseils et infos pour t’aider à anticiper ce qui t’attend et comprendre la culture locale, surtout si c’est ton premier voyage en Inde.
Que tu sois déjà en train de planifier ton itinéraire au Kerala ou que tu hésites encore à franchir le pas, ce guide de voyage au Kerala est conçu pour répondre à toutes tes questions.
Découvrons sans plus attendre 11 choses à savoir avant de partir au Kerala en Inde.
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Dernière mise à jour : 06/06/2025
Chapitres - Kochi, Kerala
QUE FAUT-IL SAVOIR AVANT DE VOYAGER AU KERALA : 11 FAITS CULTURELS ÉTONNANTS
L'histoire du Kerala : une surprenante mosaïque de cultures
Si tu penses que l’Inde se résume à Bollywood, aux palais de maharajas et au Gange, prépare-toi à revoir ta copie. Voyager au Kerala, c’est plonger dans un chapitre méconnu de l’histoire du sous-continent.
Car cette région tropicale du sud-ouest de l’Inde n’a pas seulement été une étape stratégique sur les routes maritimes des épices : elle a été convoitée, colonisée, et marquée par plusieurs empires européens. D’abord les Portugais, avec l’arrivée de Vasco de Gama en 1498 à Calicut, puis les Hollandais, et enfin les Britanniques, qui y ont laissé leurs traces jusqu’à l’indépendance du pays en 1950.
Ce va-et-vient colonial, mêlé aux influences arabes, juives, chrétiennes, et évidemment hindoues, a façonné un territoire unique où cohabitent mosquées, synagogues, églises et temples. Un brassage culturel qui fait partie intégrante de l’identité culturelle du Kerala, et que l’on retrouve autant dans l’architecture que dans la cuisine ou les traditions locales.
Aujourd’hui encore, cette histoire se lit dans les rues de Fort Cochin, dans les plantations de thé de Munnar, ou au cœur des anciens comptoirs d’épices. Ce n’est pas pour rien que la région du Kerala en Inde est l’une des plus grands productrices de thé, poivre, cardamome, cannelle et muscade du pays !
Un État communiste depuis 1957
En Inde, le Kerala est le seul État gouverné par un parti communiste élu démocratiquement depuis 1957. Une première mondiale à l’époque, et une singularité politique encore aujourd’hui.
À chaque élection, les Kéralais réaffirment ce choix, alternant parfois avec d’autres partis de gauche, mais toujours dans une dynamique très ancrée de justice sociale, d’accès à l’éducation et à la santé pour tous. Résultat : le Kerala affiche aujourd’hui le plus haut taux d’alphabétisation du pays, un système de santé publique fonctionnel, et une qualité de vie bien au-dessus de la moyenne nationale.
En se baladant à Fort Kochi, à Munnar ou même au fin fond des backwaters, on tombe un peu partout sur des drapeaux rouges frappés de la faucille et du marteau, et même des graffitis de Che Guevara peints sur les murs ou à l’arrière des tuk-tuks.


La coexistence des religions
Conséquence directe de son histoire et de son ouverture sur le monde, le Kerala est sans doute l’un des rares endroits en Inde — et peut-être au monde — où toutes les grandes religions coexistent dans un respect mutuel étonnant.
Bien sûr, l’hindouisme reste majoritaire (environ 55 % de la population), mais on y trouve aussi 27 % de musulmans et 18 % de chrétiens, toutes branches confondues : catholiques, protestants, orthodoxes, syriaques, jacobites… Sans oublier une petite communauté juive historique, notamment à Kochi, où l’on peut encore visiter une synagogue vieille de plusieurs siècles.
Le plus frappant, ce n’est pas seulement la diversité religieuse, mais la manière dont elle s’exprime. Il n’est pas rare de voir, dans un même quartier, un temple hindou, une mosquée, une église et une synagogue à quelques mètres les uns des autres. Et la formule fonctionne ! Pas seulement dans une tolérance passive, mais dans une vraie fierté collective d’incarner un vivre-ensemble rare, surtout dans un pays où les tensions interreligieuses peuvent être vives ailleurs.


Le Kerala, berceau de l'Ayurvéda
L’Ayurvéda est une médecine traditionnelle indienne utilisée depuis plus de 4000 ans.
Encore largement pratiquée aujourd’hui, l’Ayurvéda repose sur l’équilibre entre le corps, l’esprit et l’environnement, à travers l’alimentation, les plantes médicinales, le yoga et bien sûr, les massages à l’huile.
En Inde, le Kerala est considéré comme l’un des berceaux de l’Ayurvéda, et attire chaque année voyageurs, patients, curieux et amateurs de bien-être venus du monde entier pour une retraite ayurvédique.
Toutefois, attention à bien choisir ton centre ! Car dans de nombreux sites touristiques, comme à Varkala, l’expérience se résume à un massage superficiel de 30 minutes, où on t’enduit généreusement d’huile avant de te tamponner vaguement le dos. Le tout sans consultation, sans diagnostic ayurvédique, et sans réelle valeur thérapeutique.
Un véritable programme ayurvédique nécessite normalement deux à trois semaines. Si tu es simplement curieux, un massage ou une journée découverte suffira. Mais si tu veux vraiment explorer ce savoir ancestral, prévois du temps et prépare-toi aussi à entreprendre une véritable introspection. Car une retraite ayurvédique implique aussi de prendre du recul par rapport à soi, à sa vie et à ses choix.
Si tu veux vivre quelque chose de plus profond, privilégie les centres reconnus, tenus par des praticiens formés, et qui proposent un suivi personnalisé, parfois après un petit bilan dosha. Si tu cherches une expérience authentique, dans les règles de l’art, je ne peux que recommande chaudement le Big Banana Island Retreat. Niché sur une petite île au cœur des backwaters, c’est une adresse idéale pour ceux qui cherchent une immersion hollistique, encadrée et bienveillante, entre soins, yoga et alimentation ayurvédique.

Il est possible de manger du bœuf au Kerala
Tu pensais que voyager en Inde du Sud signifiait renoncer à la viande de bœuf ? Après tout, les vaches sont sacrées en Inde, non ? Avant ce voyage au Kerala, moi aussi.
Et pourtant, surprise ! Au Kerala, il n’est pas rare de trouver du bœuf au menu, surtout dans les zones à majorité chrétienne ou musulmane, comme Cochin. C’est une des nombreuses conséquences du multiculturalisme local. D’ailleurs, ne t’attends pas non plus à croiser des vaches en liberté dans les rues comme en Inde du Nord. Tout ce que nous avons vu, ce sont des chèvres et des chats !
Fait intéressant qui témoigne bien du caractère unique de la région : en 2017, alors que le gouvernement central tentait d’interdire l’abattage des vaches sur tout le territoire, le Kerala a réagi en organisant un « Beef Fest » en signe d’opposition, où les habitants ont cuisiné et mangé du bœuf en public. De vrais petits rebelles, ces Keralites !
On a testé… une fois. Curiosité oblige. Mais le résultat a été plutôt décevant. Les indiens ne font pas la différence entre une pièce de bœuf et une autre, et la viande était pleine de gras et pas spécialement savoureuse. Mieux vaut, à mon avis, s’en tenir aux plats à base de poisson, de crevette ou végétariens. À la limite du poulet, mais il n’est pas toujours savoureux non plus. D’ailleurs, le Kerala – et l’Inde en général – sont un vrai paradis pour les végétariens !
Non, on ne parle pas hindi au Kerala — mais tu pourras te faire comprendre
C’est une idée reçue assez tenace : on pense souvent que l’hindî est la langue commune partout en Inde. En réalité, l’Inde est un véritable patchwork linguistique. On y compte pas moins de 22 langues officielles ! Et au Kerala, on parle (roulement de tambour 🥁)… le malayalam.
C’est une langue dravidienne propre à la région, avec son propre alphabet (super joli, mais totalement illisible pour nous), et des sonorités bien différentes des langues du nord. Petite anecdote sympa : le malayalam contient aussi des emprunts au portugais, héritage des siècles de colonisation. Ils intercalent aussi beaucoup de mots et d’expression en anglais. Ne sois donc pas surpris si certains mots te semblent familiers, surtout si tu parles espagnol (ou portugais, évidemment).
Heureusement, pas besoin de suivre des cours intensifs avant ton voyage au Kerala. L’anglais est enseigné dès le plus jeune âge dans la plupart des écoles et tout le monde le parle couramment, même dans la rue.
Bon, l’accent est tout de même parfois difficile à comprendre au début, mais rien d’insurmontable. Les Keralites sont des gens adorables qui ne s’offusqueront jamais que tu leur demandes de répéter.

Le fameux dodelinement de tête indien : la plus déconcertante des coutumes
Parmi toutes les curiosités rencontrées lors de notre voyage au Kerala, il y en a une qui nous a totalement déstabilisés : le dodelinement de tête.
Cette sorte de bascule fluide de la tête d’une épaule à l’autre, un peu comme un pendule souple est un langage corporel à part entière, propre à l’Inde (et, il me semble, certains autres pays orientaux). Et pour nous, pauvres Occidentaux cartésiens, c’est un vrai casse-tête.
Le problème, c’est que ce mouvement peut signifier « oui », « non », « peut-être », « j’ai compris », « je suis d’accord », ou même « je t’écoute mais je ne suis pas certain ». En gros : tout et son contraire. De quoi générer quelques scènes assez cocasses, surtout quand tu attends une réponse claire à une question cruciale du type : « Est-ce que ce bus va à Munnar ? » (et que la personne en face se met à hocher la tête latéralement avec un petit sourire…).
La seule astuce qu’on nous ait donnée (et encore, ce n’est pas infaillible) : si la réponse est vraiment “non”, il y a souvent le mot “non” qui l’accompagne. Sinon, tout est une question de contexte, de ton de voix, et d’habitude à décrypter.
Mais finalement, on s’y fait ! Et une fois qu’on comprend le principe, ce petit balancement de tête devient même attachant — voire contagieux…

Il faut apprendre à manger avec les mains... et c'est plus dur qu'il n'y parait !
En Inde, on mange avec la main droite, exclusivement. La main gauche étant considérée comme impure (car associée à l’hygiène personnelle), elle est mise à l’écart pendant les repas. En pratique, personne ne t’en tiendra rigueur si tu t’aides de temps en temps de la main gauche pour découper ton parotta. À condition qu’elle soit propre, bien sûr.
Il faut dire que manier du riz trempé dans un curry bien liquide, sans en faire tomber partout, est toute une technique. Les Indiens, eux, le font avec une aisance déconcertante, formant habilement une petite bouchée du bout des doigts avant de la porter à la bouche. Personnellement, je suis loin d’avoir le coup de main (si tu me pardonnes le jeu de mots 😂).
La bonne nouvelle, c’est que tous les restaurants, même les plus pittoresques, disposent toujours d’un petit lavabo pour se laver les mains, avant et après le repas. Où que nous soyons allés, l’hygiène était irréprochable.
Et si vraiment tu n’es pas à l’aise, des couverts sont quasiment toujours disponibles, surtout dans les endroits plus touristiques.
Mais si tu veux vivre l’expérience à fond, je t’encourage à essayer, au moins une fois. Oui, tu auras l’impression d’être un gamin de 2 ans et oui, tu vas t’en mettre partout. Mais ça fait partie du jeu !


La cuisine du Kerala : à faire frémir les papilles... dans tous les sens du terme !
La gastronomie a été l’un des grands points forts de notre voyage au Kerala. Si tu aimes les currys, tu vas te régaler — parce que, très clairement, on en mange matin, midi et soir (oui, au petit-déjeuner aussi). Mais loin d’être répétitive, la cuisine du Kerala est bien plus riche et nuancée que ce qu’on connaît généralement des restos indiens occidentaux.
La noix de coco est particulièrement présente : râpée, en lait, en huile… elle parfume presque tous les plats. Les épices sont savamment dosées, et on sent une vraie recherche d’équilibre des saveurs, un peu à la manière de l’umami japonais. Poissons, légumes, lentilles : les ingrédients locaux sont simples, mais magnifiés par une cuisine intuitive et chaleureuse.
Mais attention : il faut aimer la nourriture épicée. Vraiment.
Demande bien à ce que les plats soient « no spicy », sinon tu pourrais bien finir en larmes devant ton curry de légumes. Nous avons une haute tolérance à la nourriture épicée et n’avons jamais été incapables de manger quoi que ce soit en Inde, donc je ne peux pas garantir s’ils adaptent effectivement le niveau d’épices aux palais occidentaux, comme en Thaïlande. Dans tous les cas, ça vaut le coup d’essayer !
Et comme je le mentionnais au début de ce paragraphe, les petit-déjeuners au Kerala n’ont rien à voir avec nos tartines beurre-confiture bien-aimées. Ici, on commence la journée avec des plats salés, et bien souvent épiés. L’un des plus typiques est le puttu, un cylindre de riz cuit à la vapeur et préparé à partir de farine de riz humidifiée et de noix de coco râpée. La texture est à la fois légère et un peu granuleuse, et plus nourrissante qu’il n’y paraît. Il est généralement servi avec des bananes ou un curry de pois chiches appelé kadala curry. On mange aussi souvent des appams, des sortes de crêpes à base de lait de coco et de riz fermenté, accompagné d’un curry doux et parfumé. Franchement, moi qui ne suis pas du tout salé au petit-déjeuner, j’ai trouvé ça très bon !


L'alcool au Kerala
Au Kerala, l’alcool est légal, mais il est strictement encadré – conséquence directe d’une politique locale de santé publique visant à lutter contre l’alcoolisme, devenu un problème réel dans la région il y a quelques années.
Concrètement, l’alcool ne s’achète que dans des boutiques gouvernementales, souvent un peu à l’écart, avec des files d’attente longues et une atmosphère un peu glauque. Ces shops ferment à 20 h tapantes – pas une minute de plus.
Côté bars et restaurants, les licences sont distribuées au compte-goutte et sont souvent très coûteuses. Dans la plupart des restaurants, tu ne verras donc aucune boisson alcoolisée sur la carte. Et ceux qui en proposent, notamment dans des lieux touristiques comme Varkala, le font généralement discrètement dans des mugs opaques qui ne révèlent pas le contenu.
Niveau prix, une bière peut facilement coûter 400 à 500 roupies (environ 5 €), soit plus qu’un plat complet. Si tu voyages avec un petit budget, ça peut vite peser.
Le système de douche à l'indienne
Tu vas forcément le remarquer en posant ton sac dans ta première salle de bain au Kerala : à côté de la douche, un seau en plastique et un petit broc t’attendent sagement. Ce n’est pas pour faire le ménage, ni un accessoire déco local — c’est ce qu’on appelle la douche à l’indienne.
Plutôt que de laisser couler l’eau directement du pommeau, les Indiens remplissent le grand seau, puis utilisent le petit récipient pour se rincer, petit à petit. Un système qui peut paraître rudimentaire au début, mais qui permet de consommer deux à trois fois moins d’eau qu’une douche classique. Dans une région où l’accès à l’eau peut être limité, ce n’est pas un détail.
Pas d’inquiétude : la plupart des hôtels possèdent également des douches classiques, avec pommeau mural. Mais entre la pression parfois faible ou l’absence d’eau chaude, il arrive qu’on se tourne de bon cœur vers le seau et le broc.
💡 À savoir : l’eau chaude n’est pas systématique, même dans des hébergements de milieu de gamme. Mais étant donné les températures extérieures, ce n’est généralement pas un problème.

Voyager dans le Kerala en Inde, c’est découvrir une région profondément singulière, qui surprendra même les voyageurs habitués à voyager en Inde, sans pour autant les dérouter. Entre les backwaters paisibles, les influences multiculturelles, le climat politique, la richesse de l’ayurvéda et une gastronomie aussi épicée que savoureuse, chaque instant passé au Kerala est une invitation à ralentir et à voir l’Inde autrement. Bien que parfois déroutant, ce coin du sud de l’Inde offre une approche plus douce et plus accessible pour celles et ceux qui souhaitent une première immersion. Si tu prévois un voyage dans le Kerala en Inde, n’oublie pas que la meilleure façon d’en saisir l’essence, c’est de te laisser surprendre !
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